September 19, 2017

La pub qui murmurait à l'oreille des consos

Un son vaudrait-il mille images ? On peut se poser
la question, devant l’engouement des marques, ces derniers mois, pour les
campagnes qui font la part belle à la création sonore.

Il y a bien sûr l’ASMR, cette sensation agréable
difficile à décrire déclenchée par des chuchotements, tapotements et autres
sons feutrés, une sorte d’ « orgasme cérébral » qui place les
auditeurs dans un état de détente et de bien-être uniques en leur faisant
écouter des sons de brossage de cheveux
ou de mastication.
Hermès et Ikea ont récemment contribué à la diffusion du
phénomène avec leurs campagnes, tout en injectant dans celles-ci une dimension sensorielle
complètement nouvelle
. Le son apporte un relief inédit à l’image et une présence formidable au produit ; il
donne
presque l’impression de pouvoir sentir le parfum et de pouvoir toucher les
objets. 

Cet effet de synesthésie, exploité de manière
littérale par
la marque Norrlands Guld Ljus qui propose de « la bière à boire avec les oreilles », est intéressant dans la mesure où il propose un contrepoint
efficace et bien vu à la culture du tout-image.    

Certes les écrans sont partout et nous sollicitons notre
vue plus que n’importe quel autre sens – et ce, avec ou sans Instagram ! – mais
les formats sonores connaissent un succès grandissant



Selon une étude publiée par Nielsen88% des consommateurs issus de la Generation Z et
93% des
Millennials écoutent la radio
(ni sur internet, ni via satellite, « la
bonne vieille radio » AM/FM, précise l’étude). Le succès des podcasts etde l’audio on demand, aussi bien en France qu’au niveau
mondial, notamment aux Etats-Unis (+62,4% sur un an), se situe dans cette même tendance. 

Dans un environnement saturé d’images, le son conserve
une force sensorielle et une dimension intime qui n’existent plus vraiment dans
l’image. Que l’on pense aux bains sonores
thérapeutiques
, aux podcasts qui invitent
des inconnus
à raconter leur vie au creux de notre
oreille ou aux expériences auditives comme CALLS
: toutes ces créations
fondées sur le son se distinguent par une proximité et une chaleur qui
ont déserté depuis longtemps les fils Facebook et Instagram. 

Avec en bonus, la
possibilité de créer ses propres images mentales, d’imaginer ses décors et le visage de celui ou celle qui
parle : on se
souvient du refus de Vincent Lindon de se laisser filmer à la radio « au nom du fantasme ».


Il y a dans le son, et plus encore dans la voix, une part
d’humanité qui tient au souffle, aux vibrations
qu’un support visuel figé ne
peut ni contenir ni véhiculer. 

Au-delà de l’immédiateté que la voix permet,
c’est évidemment cette part d’humanité que les assistants personnels comme
Alexa – qui est désormais capable de chuchoter –
cherchent à reproduire. 

Un
subtil mélange de vibrations, de silences et d’imagination
qui va au-delà de l’onde sonore seule
, comme l’illustre merveilleusement le
travail de l’artiste Sofia Mattioli 
sur
la musique
de Jamie XX – à voir, revoir, écouter, réécouter pour le plaisir.